Devant l'entrée de la Gare de Lyon, dans l'amphithéâtre du spot, un p'tit bonhomme enchaîne les tricks.Une casquette blanche vissée sur sa chevelure blonde, il laisse à peine entrevoir ses traits.Il reste 10 min le temps de faire les choses proprement... puis il trace.
Ma cops me regarde, intriguée : "C'est une fille !" Le temps que je tourne la tête pour vérifier, "elle" est déjà partie.
Pas question de rester dans le doute. Je fonce et suis la "chose" jusqu'à Bastille.

Bastille, 15h, holidays. Autant dire que Rivoli un samedi après-midi c'est le désert à côté...Parmi tous ces skateurs qui font leurs tricks les uns sur les autres, j'aperçois ma cible... Ouais, c'est bien une fille. Une fille qui vérifie l'hypothèse suivante : Skater, c'est perdre sa féminité. Pour mettre le pied sur une board, paraît qu'il faut porter un baggy, des T-shirts tellement larges que 2 Celia Santenac tiennent dedans (quoique...), et des shoes plus grosses que la tronche d'Elephant Man.
En fait, nan ; ça, c'était avant. Les choses ont changé (heureusement ?). Permission de rider en t-shirt moulant rose mais le baggy est toujours de rigueur (pour le staïle).
Pourtant le fantasme des skaters porte pas de baggy... (cf tous les mags de sk8 plombés de minettes en string Reef et mon future article "les skateurs ne sont-ils qu'un tas d'hormones ?").

Les "skateboardeuz" sont de plus en plus nombreuses... yessss...
Du coup, la compête et les regards de travioles aussi. Eh ouais, parce que les skateuses apprécient pas trop la concurrence : "T'approche pas de mon copain sponso Lakai ok ???".



Les poseuses/imposteuses sont aussi de plus en plus nombreuses (wouh ça rime...). ça se pose sur les spots gavés de skaters "stylés", ça fume deux trois trucs et ça attend de se faire aborder. "Trop cool c'que tu fais avec ta board...".
Position favorite : les jambes croisées en tailleur. Boisson : bières à la chaîne, de préférence lâchées sur le spot pour faire plus "marginal staïle".
Sape préférée : celle des skateuses sans poser le pied sur une board, bien sûr..

En gros, on appelle ça des "Teenage" ou "Teenageuses" dans le métier.
Heureusement, il existe une race de skateboardeuses nées pour sauver l'honneur du sport et même plus encore, nées pour sauver la board culture.
Ces girls-là se défoncent pour avancer, elles repoussent les limites d'une éducation trop frileuse du danger (eh ouais, être une fille, c'est refuser de tomber devant tout le monde) et accueillent à bras ouverts les "newbies".

Ces filles-là défendent la communauté croissante des skateboardeuses. Sans un mot. Tout en action. Elles osent les tricks en plein jour, apprivoisent leurs chutes, rident par tous les temps... En d'autres termes, ces filles-là skatent et prennent leur pieds. Pas besoin de répondre à des codes d'indentification (vestimentaire et autres), ni de rider pour les "skaters staïle"...
Elles arrivent sur les spots discrètement, la board sous le bras ou accrochée à leur sac d'une marque inconnue. Elles lâchent leur board à terre dans un claquement jouissif. Et c'est parti pour des heures... Un seul but : progresser. Une pause, parfois, le temps de reprendre des forces en admirant un coucher de soleil du haut de leur spot secret.

De quoi sera faite la génération skateboardeuse (ou skateuse...) de demain ? Mon petit doigt me dit qu'elle a de l'avenir, cette génération. Mais ce n'est que mon petit doigt. Et il reste très subjectif...

Le combats des skateuses